Maintenant que vous avez acheté tout le matériel pour votre Raspberry, il est temps d’installer un système d’exploitation digne de ce nom! Le RPi dispose d’un processeur ARM (comme sur les smartphones) et est donc compatible avec un certain nombre de distributions Linux basées sur cette architecture:

  • Raspbian, « Raspberry Pi + Debian = Raspbian », est la distribution dérivée de Debian la plus utilisée sur le RPi.
  • Arch Linux ARM, dérivée de Arch Linux.
  • OpenELEC, un serveur multimédia permettant de jouer ses musiques, ses films, ou encore visionner des vidéos sur Youtube,…
  • Et bien d’autres: Android, RiscOS, Commodore Pi,…

La liste complète des distributions compatibles est disponible sur elinux.

Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur l’installation d’une distribution dédiée aux jeux d’arcade et dérivée de Raspbian (et donc de Debian):
PiMAME
PiMAME dispose de toutes les fonctionnalités d’un Linux classique mais intègre, de manière native, une multitude d’émulateurs pré-installés, ainsi que d’une belle interface permettant de naviguer à travers ceux-ci. Voici une liste non exhaustive des plateformes émulées (liste complète ici):

  • MAME, le fameux système permettant de rejouer aux jeux des anciennes bornes d’arcade.
  • NES/SNES, jouer à « The Legend of Zelda » sur un écran TV OLED, c’est possible :p
  • Playstation One, ca tourne très bien 🙂
  • Et bien d’autres: NeoGeo, GameBoy,…

Le créateur de PiMAME, Shea Silverman, est entrain d’intégrer d’autres plateformes, et notamment la N64 qui semble en bonne voie comme le montre cette vidéo de démonstration de Starfox 64.

Un projet KickStarter a été lancé afin de permettre au développeur d’intégrer plus de fonctionnalités et d’accélérer les mises à jour de la distribution. A cette occasion, il a renommé PiMAME en PiPLAY qui sera le nom de code des prochaines mises à jour.

Installation de PiMAME

Commençons l’installation…voici les prérequis:

  • un ordinateur
  • un RPi (modèle A ou B)
  • une carte SD (classe 10 de préférence)
  • une connexion internet

Je tiens à préciser que PiMAME évolue très rapidement, et des changements légers ou profonds peuvent donc survenir par rapport à ce que vous pouvez lire dans ce tutoriel (noms de fichier, interface,…). Les manipulations et les screenshots de ce tuto sont liés à la version pimame-0.8.0-beta1.

Téléchargeons tout d’abord les sources de PiMAME. Il faut se rendre sur la page SourceForge de PiMAME et télécharger l’image de la dernière mise à jour (archive compressée).

Puis, il faut décompresser les sources:

cd /path/to/archive;unzip pimame-0.8-beta1.img.zip

Si vous êtes sous Windows, utilisez votre logiciel de décompression favori.

Pour finir, nous allons graver l’image sur la carte SD. Insérez celle-ci dans votre ordinateur et tapez la commande suivante:

sudo dd if=pimame-0.8.0-beta1.img of=/dev/#X# bs=1M

Il faut remplacer #X# par l’identifiant de votre carte SD sous Linux. Pour le connaître, nous allons lister l’ensemble des périphériques connectés à l’ordinateur, avec la commande:

lsblk

Vous devriez observer l’affichage ci-dessous. J’ai une carte SD de 32Go, l’identifiant est donc mmcblk0.

NAME        MAJ:MIN RM   SIZE RO TYPE MOUNTPOINT
sda           8:0    0 111,8G  0 disk 
├─sda1        8:1    0 109,8G  0 part /
├─sda2        8:2    0     1K  0 part 
└─sda5        8:5    0     2G  0 part [SWAP]
mmcblk0     179:0    0  29,2G  0 disk 
├─mmcblk0p1 179:1    0    56M  0 part /media/boot
└─mmcblk0p2 179:2    0  29,2G  0 part /media/fc254b57-8fff-4f96-9609-ea202d871acf

Voilà, nous venons de terminer l’installation de la distribution sur la carte SD.

Configuration de PiMAME

Maintenant, place à la configuration! Insérez la carte SD dans le RPi et allumez ce dernier. PiMAME met environ 30 secondes pour se charger complètement. Vous devriez ensuite voir l’écran de démarrage:
20140421_002

Cet écran d’accueil permet, entre autres, de lancer les divers émulateurs du système, mais nous y reviendrons plus tard. Pour l’instant, appuyez sur la touche ECHAP pour atterrir dans le terminal UNIX.

Nous allons tout d’abord configurer l’accès à internet. Si vous utilisez la technologie Ethernet, votre RPi est déjà connecté au réseau. En revanche, avec un dongle Wifi, la configuration du réseau est plus longue.

Pour modifier le fichier des interfaces réseaux, tapez la commande:

sudo nano /etc/network/interfaces

Effacez toutes les lignes et insérez le texte suivant:

auto lo
iface lo inet loopback
iface eth0 inet dhcp
allow-hotplug wlan0
auto wlan0
iface wlan0 inet dhcp
wpa-ssid "nom du réseau"
wpa-psk "mot de passe wifi"

Il faut modifier le nom du réseau et le mot de passe par les vôtres. Appuyez sur Ctrl+x pour quitter. On vous demandera si vous voulez sauvegarder, appuyez sur la touche Y puis sur la touche entrée.

Pour prendre en compte les modifications, relancez le service appelé networking:

sudo service networking restart

Vous pouvez désormais vous connecter au RPi à partir d’un ordinateur distant en utilisant la technologie SSH:

ssh pi@X

Il faut remplacer X par l’adresse IP du RPi sur votre réseau. Le terminal vous demandera un mot de passe pour l’utilisateur pi. Il faut entrer raspberry qui est le mot de passe par défaut.

Nous allons ensuite mettre à jour la distribution:

wget -O - http://pimame.org/update.sh | bash

Pour finir, il faut lancer un outil de configuration dédié au RPi, en tapant la commande suivante:

sudo raspi-config

Capture d'écran - 21042014 - 15:12:07

L’écran d’accueil vous montre une série d’options de configuration. Faisons un petit tour d’horizon des options les plus importantes.

L’option Expand Filesystem permet d’étendre la partition réservée à PiMAME sur l’ensemble de la carte SD. Par défaut, seule une portion est utilisée. Je vous conseille vivement d’activer cette option si vous ne prévoyez pas de dual boot. Si tout s’est bien passé, vous devriez obtenir le message suivant:
Capture d'écran - 21042014 - 15:02:46

L’option Change User Password permet de changer le mot de passe de l’utilisateur par défaut pi. Si vous activez cette option, vous serez invités à entrer deux fois le nouveau mot de passe.

L’option Enable Boot to Desktop/Scratch permet de choisir le type d’interface utilisateur après le chargement de PiMAME: une console en mode texte (par défaut), une interface graphique (MATE), ou encore Scratch un environnement virtuel dédié à l’éducation des plus jeunes.
Capture d'écran - 21042014 - 15:32:17

L’option Internationalisation Options permet de configurer les outils du RPi en fonction de votre langue. Trois sous-options vous sont proposées:

  • Change Locale, il faut décocher en_GB.UTF-8 UTF-8 et cocher fr_FR.UTF-8 UTF-8 pour le français (touche espace dans les deux cas).
  • Change Timezone, il faut sélectionner Europe, puis Paris pour ceux qui habitent en France.
  • Change Keyboard Layout, permet de switcher entre les claviers AZERTY et QWERTY.

Capture d'écran - 21042014 - 17:50:16

Capture d'écran - 21042014 - 17:51:21

Capture d'écran - 21042014 - 17:52:08

L’option Enable Camera permet d’activer la caméra et les divers outils assurant la gestion de celle-ci sur le RPi.

Quant à l’option Overclock, elle permet d’overclocker, i.e. augmenter les performances, du RPi. Plusieurs niveaux de configurations sont disponibles, None étant le niveau de performance le plus faible (par défaut), et Turbo le plus élevé.
A partir du niveau Medium, le voltage augmente et la température aussi…je vous conseille donc d’acheter des dissipateurs thermiques (heat sink en anglais) pour refroidir efficacement le RPi.

Capture d'écran - 21042014 - 17:58:39

Pour prendre en compte toutes les modifications, redémarrez le RPi grâce à cette commande:

sudo reboot

Et voilà, c’est fini!

Ajout de ROMs

Bon nous avons une distribution dédiée aux jeux d’arcade, il serait temps de s’en occuper!

Via interface Web
Shea Silverman a eu la bonne idée d’ajouter une interface web accessible à distance afin d’ajouter des ROMs aux divers émulateurs. Il suffit de rentrer l’adresse IP du RPi dans votre navigateur (192.168.0.10 dans mon cas):
Capture d'écran - 21042014 - 18:07:39

Il y a deux boutons sur la page d’accueil. Celui qui nous intéresse est le premier appelé ROM Uploader. Après avoir cliqué dessus, vous pouvez voir la liste complète des émulateurs du système, chacun associé à une URL:
Capture d'écran - 21042014 - 18:08:06

Si on clique sur un de ces liens, SNES par exemple, on arrive sur une interface de gestion des ROMs pour cet émulateur. Pour ajouter une ROM, il suffit de cliquer sur la zone centrale, ou déposer directement la ROM dans cette zone. La progression de l’upload est indiquée en temps réel.
Capture d'écran - 21042014 - 18:08:38

Via FTP
Si vous disposez de ROM de grande taille (50 mo ou plus), il est plus judicieux d’ajouter des ROMs via la technologie FTP. C’est tout à fait possible avec PiMAME! Il suffit de lancer votre logiciel FTP favori et de rentrer les informations suivantes:

  • Nom d’hôte: l’IP de votre RPi
  • Utilisateur: pi
  • Mot de passe: raspberry

Naviguez ensuite jusqu’au répertoire des émulateurs: pimame > roms, et voilà!
Capture d'écran - 21042014 - 18:39:17

Jouons!

Il est l’heure de jouer! Pour ce tutoriel, j’ai uploadé, via l’interface web, le célèbre jeu The Legend of Zelda sur SNES. Revenons sur l’écran connecté au Raspberry et donc à l’interface d’accueil. Il faut naviguer à travers les émulateurs et sélectionner SNES (en haut à gauche):
20140421_005

Ensuite, vous êtes redirigés sur une page listant tous les jeux pour cet émulateur (un seul ici), sélectionnez-le:
20140421_006

Bon jeu!
20140421_008

Dans les prochains tutoriels, je vous apprendrai à configurer une WiiMote et une manette Dualshock afin de profiter au mieux de son canapé et de sa télévision grand angle :p
En attendant, venez en discuter sur le forum, le sujet est vaste !

Anth0kuto

Anth0kuto

gérant chez Byprog
Administrateur

Freelance Full-Stack Développeur, plus d'infos sur byprog.com !

Fervent linuxien depuis plus de 10 ans, je suis passionné par l'univers de l'open source et par la programmation en particulier. Ma mission si vous l'acceptez: vous emporter dans d'autres contrées!
Anth0kuto
Des TOHs, comme s'il en pleuvait
Jolla : Les Icônes